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Projet n°11 activé.

META (print)

Vincent Betbeze

Impression numérique, 90 x 51cm, 2012 Tirage lambda contre-collé sur diasec


META (print) est la première déclinaison issue de la série de travaux en cours de réalisation META (2012-2013) *


  META (print) est issue d’un protocole de reconstitution du "canal Alpha - damier de transparence" pour son passage à l’impression selon les dimensions et les limites de définition imposées par l’écran servant à sa création et de son équivalent centimétrique (résolution 2560 x 1440). Le processus entend respecter les réglages par défaut du logiciel Photoshop en ce qui concerne les dimensions et les couleurs de la grille du damier issues des paramètres de transparence et des couleurs non imprimables. Cette revendication processuelle oriente la recherche vers un certain dynamisme rétinien régi sous la forme de variations chromatiques relatives, figurées de par la simple présence matérielle et tangible de son support bidimensionnel imprimé. Le spectateur se voit alors sollicité selon différents points de vue et passe ainsi par deux étapes intrinsèquement liées, aux temporalités bien distinctes. La première consiste en sa confrontation face à la présence de se qui semble être de prime abord un monochrome gris - illusion relative qui émane de la distance physique qui sépare l’œuvre de son public lors de leur premier contact - et la seconde n’est autre que la révélation du « motif » à l’origine de l'apparition et de la disparition du dit monochrome lors d'un face à face de proximité. Les composantes graphiques du damier font directement écho à l’histoire de l’abstraction géométrique et notamment au mouvement du Suprématisme dont Kasimir Malevitch fut l’un des fondateurs principal. En effet si le fond blanc d'un tableau représente l'infini et le noir la figure emblématique et géométrique du carré, la neutralité colorimétrique absolue issue du mélange des deux en tant que niveaux de gris par excellence, est à la fois un rejet de la couleur comme une tentative d’approche du degré zéro de la représentation qu'une mise en abîme des principes esthétiques du mouvement de base. Dès lors, la figure incontestable et double du vide, s'applique autant à sa situation virtuelle qu’à sa situation réelle, et nous renvoie directement à l'ambiguïté de la fonction graphique initiale interne au logiciel : simuler la présence de ce qui concrètement n’existe pas. Ainsi, au-delà de l’exacerbation de ce paradoxe, il est question de réactualiser la notion du vide au travers des caractéristiques perceptuelles offertes par les nouveaux outils digitaux mis a disposition des artistes, et entend interroger dans un sens plus général, les conditions de son surgissement sous une nouvelle forme redéfinie par elle-même et en elle même, par delà de sa première manifestation.


* : La série META est une déclinaison d'oeuvres indépendantes les unes des autres, dont le champ de réflexion explore les conditions et les limites de l'image virtuelle au sein d'un contexte spatial spécifique et concret. Chaque dérivation interroge sa propre existence relative selon un mode opératoire basé sur une stratégie d'auto-réflexion, de détournement, de parasitage ou d'infiltration, orienté vers le champ de l'art et des principes organisationnels mêmes de l'exposition, de ses codes et de ses usages. Le dénominateur commun de cet ensemble de pièces résulte de la réappropriation du canal Alpha d'une image digitale quelle qu'elle soit, sorte de simulation de la couche de transparence symbolisée généralement par un damier générique gris et blanc dans les logiciels de création et de retouche d'images 2D et 3D actuelles. Ce motif, qui en réalité n'en est pas vraiment, un étant donné que les éléments qui le composent ne sont pas concrètement mesurables, quantifiables ni même imprimables, constitue l'absence de fond d'une image, un espace vacant à combler, le rien figuré à l'écran, en somme la représentation du vide en ce début de 21ème siècle au regard des nouvelles technologies mises à disposition du grand public. Mon intervention se situe dans une simple exploitation de la fonction esthétique et de la charge symbolique initiale de ce damier virtuel dont je réactive la portée et déplace les enjeux en le matérialisant dans un contexte physique et réel. Ce renversement de circonstance du bidimensionnel et du tridimensionnel, ce glissement de la représentation vers la présentation donc, est régit par la propre raison d'être de chaque oeuvre au profit du concept même qu'elles alimentent selon un principe sous-jacent de transitivité. Le déploiement de la figure du vide comme la condition sine qua non à l'existence de l'oeuvre elle-même sous une forme de réification des paradigmes de productions et de représentations : à l'ère des images succède l'ère de leurs présences. Ainsi, le potentiel de la démarche engagée par la série se situe dans la physicalité du flux numérique à éprouver selon le dispositif d'intervention mis en place. Il ne s'agit donc pas uniquement d'espace donné (contexte architectural préexistant) ou d'espace représenté (illusion iconique), mais plutôt de la capacité même à explorer et redéfinir les modalités du vide comme une expérience perceptuelle et maïeutique dans le « ici et maintenant » de l'espace expositif, grâce à l'implication physique et réflexive du spectateur. En s'inscrivant dans une approche conceptuelle et interstitielle du système de l'art, la série META est une manière de réactiver et de prolonger certains référents historiques (abstraction géométrique, art conceptuel, Op Art…) au regard des enjeux esthétiques, politiques et sociologiques issus de notre contemporanéité (Art numérique, nouveau média...). En outre, elle invite à attirer l'attention du spectateur sur le statut et l’existence de l’oeuvre ainsi que de ses modalités de réception en impliquant ce dernier au centre même du processus création, et ce en faveur de nouveaux sens critiques. Méta : préfixe qui provient du grec (meta) (après, au-delà de, avec). Il exprime, tout à la fois, la réflexion, le changement, la succession, le fait d'aller au-delà, à côté de, entre ou avec. En informatique, un élément est une information sur la nature et le contenu d’une page web qui est invisible à la lecture. Méta est souvent utilisé dans le vocabulaire scientifique pour indiquer l'auto-référence (réflexion), ou pour désigner un niveau d'abstraction supérieur, un modèle...

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